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JACQUIN CHARLINE - Le relais
Ça y est cette fois c’est terminé, je vais avoir 40 ans et la page peut enfin être tournée. Je suis reconnue victime et chacun a pris sa place dans cette histoire, chacun a conscience de ses responsabilités ! Je suis légitime, je suis à ma place et pourtant… Ma fille a l’âge de savoir, je viens de lui raconter. J’ai naïvement cru qu’en lui racontant mon histoire, je lui cédais le flambeau, tel un vulgaire témoin dans une course relais. Je pensais qu’en lui disant tout, qu’en lui donnant la responsabilité de ne rien laisser de côté, j’aurais accompli ma mission, fait le nécessaire et qu’enfin je pourrais clore la page.
Mais voilà, aujourd’hui, je m’aperçois que cela sera toujours en moi, je n’ai pas le droit de filer ce bâton sans regarder derrière. Mon Dieu quelle horreur ! Qui pourrais-je bien être pour faire ça, je suis responsable du devenir des autres et mon histoire doit servir le futur, je dois empêcher de nouvelles victimes à travers moi, à travers les autres et à travers mon histoire alors voilà que malgré moi, je continue à y penser : pour enfin l’enterrer je vais devoir me raconter.
PLATET JEAN-PIERRE - Les entretiens interdits
Quand Régis Crampes, ancien journaliste vedette d'une grande radio nationale reconverti dans le monde littéraire, accepte d'effectuer une ultime série d'entretiens pour célébrer, à sa manière, le départ à la retraite de son ancien patron et mentor radiophonique, il est loin de se douter que le choix de son interlocuteur va lui faire dépasser les limites de ce qu'il pouvait envisager. En effet, Jacques Rochette relève le défi en quittant son refuge sud-américain, et il est clair qu'il ne fait pas le déplacement pour amuser la galerie. Une fois la boite de Pandore ouverte, un flot d'analyses décapantes se déverse dans le micro et passe en revue sans concession notre pauvre société à la dérive. Dépassant largement le cadre d'une actualité redoutablement chaotique et ravageuse pour revenir sans hésiter aux origines antiques de ce qui allait devenir la France, il n'hésite pas à explorer les principaux paliers de son évolution pour aller y chercher la compréhension éventuelle de notre tragédie actuelle. Iconoclaste sans vergogne, il prend un malin plaisir à décaper au vitriol tout ce qui ne trouve pas grâce à ses yeux. Bien malin celui qui pourra le figer dans une case : monarchiste ? Anarchiste ? Complotiste ? À moins qu'il ne soit un peu de tout ça et peut-être bien plus encore...
Né le 15 septembre 1959 à Aubagne, Jean-Pierre Platet se passionne très tôt pour la lecture, l'histoire et la musique. En 1978, un grave accident de la circulation vient bouleverser sa vie : traumatisme crânien, coma, et séquelles neurologiques marquent le début d'un parcours chaotique. À l'aube de l'an 2000, habité par un impérieux besoin d'écrire, il entreprend la rédaction de son premier livre Impossible qui sera publié en 2020. Depuis, il ne cesse d'écrire.
COLLINET-GRIBLIN JEAN-FRANCOIS - Léontine
« Considère, mon amour, jusqu’à quel excès tu as manqué de prévoyance. Ah ! Malheureux, tu as été trahi, et tu m’as trahie par des espérances trompeuses ».
Pourquoi fallait-il que ces premières phrases des Lettres portugaises m’accompagnent ma vie durant ? Et comment se fait-il que, dans les passions amoureuses, souvent les amantes font naufrage dans un don d’elles-mêmes inouï de générosité, quand les amants arrivent à se retenir au bord de la falaise et à se rétablir sur la terre ferme ? Et enfin, et surtout, Léontine, une de mes aïeules, grandie à la mesure de mon admiration adolescente, ne devint-elle pas dans mon imagination la religieuse des Lettres portugaises, au point que je lui ai voué une ferveur qui ne pouvait s’achever qu’en roman. Elle, amoureuse d’abord, adorée, puis délaissée, abandonnée, et alors femme bafouée, persécutée par la communauté des vertus inquisitoriales, tombée à terre, fut piétinée par tout un village, se redressa seule et, la haine vaincue et la victoire consommée, finit par entrer dans le si merveilleux esprit d’enfance qui ne croit qu’en aimer, ne voit que l’invisible et n’entend que les voix du silence.