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ALBERTINI MARTA - Appartenance - La femme, la fille et la petite fille de Léon Tolstoï se racontent…
«Aucune de nos enfants n'apporta autant de sens à notre existence, ne nous offrit autant d'aide, d'amour, de diversité. Intelligente, vive, douée, joyeuse et aimante, elle sut toujours créer une atmosphère de bonheur autour d'elle. Elle fut aimée par sa famille, ses amis, les étrangers, tout le monde ».
C'est sur la base de ces quelques lignes de l‘épouse de Tolstoi qui décrivent Tatiana, leur fille ainée, qu'est bâti ce récit qui retrace, à l'aide de lettres et de citations, l'atmosphère de la grande demeure de Iasnaia Poliana. Les rapports y sont souvent animés et parfois tendus, la vie continue malgré maints problèmes, présages d'une époque de privations, de séparations et de fuites vers des horizons plus sereins. Le patriarche meurt en abandonnant ses droits d'auteur au peuple russe. Ses descendants, sans le sou, se dispersent, Tatiana et sa fille campent quelques années dans la chambre d'un cocher à Moscou avant de parvenir à quitter leur pays. L'épopée continue avec la narration des conférences de Tatiana sur son père à travers l'Europe, des échanges inespérés avec des intellectuels français, des débuts de sa fille Tania sur les planches et, pour finir, du hasard qui les conduit vers l'Italie. Un nouveau chapitre qui s'ouvre, inattendu, présage de quiétude. Mais toujours, présente, une profonde nostalgie pour leur terre...
Arrière-petite-fille de Léon Tolstoi et de Giuseppe Giacosa (librettiste des opéras de Puccini), Marta Albertini retrace l'histoire de sa famille russe avant, pendant et après la révolution de 1917 : un acte d'amour envers trois femmes, en particulier sa Baboushka Tatiana dont elle évoque la vie courageuse malgré les nombreux obstacles rencontrés tout au long de son chemin.
Bakayah KOUBI - Alpha Condé - La confidence d'une imposture
La Guinée est un magasin aux rideaux baissés. Furtivement, on distingue des silhouettes coloniales qui vident les étagères et efflorent la dignité des pieds. Juste une boutique comme motif d’apaisements, car dehors, cerveaux dégarnis, on regarde de travers. L’ethnocentrisme de par son mécanisme de fonctionnement, est le vrai métier. On est persuadé de ses valeurs parce que chaque élection correspond à la saison des morts inutiles.
Un pays à 400 partis politiques opte pour le réveil de la nullité, la théorie de l’échec, dont l’analyse porte sur la chaleur volcanique de notre instinct animal. Or, nous sommes tous à la recherche des mêmes réponses. On nous amadoue avec les mœurs de l’esclavage et de la colonisation pour poursuivre notre propre univers carcéral : Diplômes français, uniformes militaires français, robes juridiques françaises, armes de guerre françaises, langue et prénoms français : tout est étranger pour contenir le volcan populaire national.
À l’état de vie, l’abominable comédie pour la liste des colonies qui n’échappera guère à la sentence des mots : dictature, troubles électoraux, mascarades, violences policières dans la débrouillardise de la lâcheté intellectuelle, tableau ou ironie.
GISSELEVOY LUC - Petites histoires du dérisoire
Un ministre en vue piégé par une « sextape »... Des amours enfantines et adolescentes contrariées... Des écologistes aux prises avec la réalité rurale... Des vieillards indignes et érotomanes qui s'aiment en pleine pandémie... Un gagnant qui perd tout... Un montreur d'ours qui finit ou il a commencé... Une femme des années 50 qui se perd en se réalisant... Un homme simple qui joue absurdement sa vie en pleine débâcle du printemps 1940... des S.D.F aux héroismes mortels... Une fille de banlieue qui échappe au déterminisme d'une manière irrévocable... Un scientifique et un Néandertalien qui se retrouvent par-delà les dizaines de millénaires ou une présidente de la République dont le succès masque de terribles échecs, tous sont autant de petits univers ou l'histoire singulière de chaque personnage se conjugue avec l'Histoire éternelle du dérisoire humain.
L'auteur offre au lecteur une illustration en vingt-et-une nouvelles de ces héros modernes dont Lacan nous disait qu'ils accomplissent « des exploits dérisoires dans une situation d'égarement ».
Ces petites histoires du dérisoire dont toute ressemblance entre les personnages et la réalité serait purement fortuite, nous proposent le regard acéré et ironique d'un auteur qui reste malgré tout d'un optimisme amusé...
Après une carrière de journaliste radio, de professeur et de cadre de la fonction publique, Luc Gisselevoy se consacre aujourd'hui à la littérature. Depuis sa retraite campagnarde, il publie sa première oeuvre, aussi divertissante que cruellement lucide.